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Souvenirs de la forge de Littlejohn à Coley’s Point

Photographie en couleur de l’extérieur de la forge Littlejohn, un bâtiment d’un étage peint en rouge avec des boiseries blanches qui paraît usé par les éléments.

Forge Littlejohn, vers 1980.

A part chauffer les maisons, le charbon de « l’Avalon Coal Shed  » [entrepôt de charbon d’Avalon] servait aussi de carburant aux forgerons du lieu. On raconte que le premier forgeron de Coley’s Point fut George Henry Jackson, mais il fut bientôt rejoint par d’autres forgerons et charrons. Les charrettes de l’entrepôt de charbon entraient en marche arrière dans les forges locales, déchargeant le charbon par une trappe découpée dans le mur de la forge qui menait à la réserve de charbon.

Le premier Littlejohn à Coley’s Point était William H. Littlejohn. Né vers 1795, il venait à l’origine d’Ipplepen, un petit village du Devonshire, à l’ouest de l’Angleterre. Il débarqua dans la région de Port de Grave au début des années 1800 d’un bateau appartenant à Newman & Roope, une entreprise basée à l’extérieur de Dartmouth, en Angleterre.

Photographie en noir et blanc de deux hommes se tenant sur le seuil de la forge Littlejohn. William H. Littlejohn est assis sur le seuil et son petit-fils, Bill Littlejohn, est debout à côté de lui, les mains posées sur un genou.

William H. et Bill Littlejohn, date incertaine.

Littlejohn se maria le 14 mai 1836 avec Elizabeth Sealey et eut trois fils, à ce que l’on sait : John Edward, né le 17 octobre 1836 ; William, né en 1837 environ, et Thomas, né le 22 février 1842. Au bout d’un moment, les Littlejohn achetèrent un terrain situé près de Long Beach à Coley’s Point à William « Uncle Billy North  », qui s’était installé là en 1810.

Le troisième William de la lignée familiale, William Henry, est né en 1863. La forge qu’il a construite est restée en service jusque dans les années 1970. Bill Littlejohn, qui vit encore à Coley’s Point, est le petit-fils de William Henry. Bill est né en 1937. Son père fut le dernier à exploiter la forge. Il avait appris ce métier de son père. Enfant unique, Bill a grandi avec son grand-père et la deuxième épouse de celui-ci, habitant dans leur maison, et il se souvient de son grand-père comme d’un homme bavard qui racontait tout le temps des histoires sur la vie à l’époque de sa jeunesse.

Les fers à cheval représentaient le revenu principal de la forge. L’hiver était la saison la plus lucrative puisque tous les chevaux de la région devaient être ferrés pour le travail hivernal consistant à ramener du bois de chauffage des forêts. Les lacs gelés étant glissants, les chevaux avaient besoin de fers d’hiver pour tenir sur la glace.

« On entendait les clochettes des chevaux avant l’aube », se souvient Bill. « Le premier arrivé était le premier servi. On entendait les chevaux et les clochettes, et les hommes qui criaient sur leurs chevaux. Je me souviens me réveiller le matin au son de ces bruits. »

Photographie en noir et blanc d’un jeune homme posant à côté d’un cheval.

William Littlejohn, date incertaine.

Le père de Bill se réveillait à 6 heures du matin et commençait à travailler, à ferrer les chevaux, à 7 heures. Il ne prenait aucun temps de repos le soir, puisque c’est à ce moment qu’il fabriquait les fers nécessaires pour le jour suivant.

Le soir, la forge devenait un lieu de rencontre. Tous les hommes s’y rassemblaient et aidaient à pomper les soufflets pour attiser le feu. Tout en aidant, ils se racontaient des histoires et se vantaient de leurs chevaux. Cet atelier était un endroit où les histoires locales se transmettaient.

Quand ils ne fabriquaient pas de fers à cheval, les Littlejohn fabriquaient aussi des bandes pour les roues des charrettes, des patins de traîneau, des grappins pour les pêcheurs ainsi que des pioches et des pelles.

« Avec l’arrivée des camionnettes, on n’a plus eu autant besoin des chevaux », dit Bill. « Alors le travail s’est déplacé sur les camions de transport, pour fabriquer des attaches en U permettant de d’attacher le bois au châssis. Il faisait tout ce genre de travaux »

Cependant, un jour arriva où le feu s’éteignit pour de bon et les coups sur l’enclume se turent. La forge resta inutilisée quelque temps jusqu’à ce qu’elle attire l’attention de la Bay Roberts Heritage Society [la Société d’histoire de Bay Roberts].

Cette société a été fondée en 1989. Elle a dirigé les efforts visant à restaurer le bâtiment historique du télégraphe, le Cable Building [l’édifice Cable], qui accueille aujourd’hui le musée Road to Yesterday, une galerie d’art et des archives. Dans le cadre de son travail de préservation de l’histoire locale, la société a fait démonter la forge originale où travaillaient le père et le grand-père de Bill. Celle-ci a ensuite été reconstruite, pièce par pièce, à l’intérieur du musée, foyer, charbon et cendres d’origine inclus. De cette manière, l’héritage de William H. Littlejohn et famille demeure.