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La construction du canal de la centrale hydroélectrique 

On aperçoit ici des ouvriers creusant un trou géant lors de la construction du canal hydroélectrique en plein hiver.Les ambitions de Clergue ne connaissant pas de limites, il décida un jour de quadrupler la capacité de production de sa centrale hydroélectrique, la faisant passer de 5,000 à 20,000 chevaux-vapeur. Le canal d’approvisionnement fut alors élargi afin d’alimenter 42 nouvelles turbines qu’on installa dans la nouvelle centrale.

La quantité d’électricité produite était telle que Clergue mit sur pied la Togana Water and Light Company (TWLC) et proposa aux élus municipaux d’éclairer toutes les rues et d’installer un réseau de bornes-fontaines à travers la ville. La construction des infrastructures débuta sans tarder. Du jour au lendemain, Sault Ste. Marie passa ainsi de la banqueroute à l’ère de la modernité et à la promesse d’une prospérité sans précédents.

La rentabilité de la centrale hydro électrique n’étant pas ce qu’il avait espéré, les partenaires financiers de Philadelphie ne recevraient pas les fruits de leurs investissements d’ici peu. Les besoins de la population et le petit nombre d’industries établies dans la ville ne faisaient pas le poids. L’arrivée massive de nouvelles entreprises manufacturières à Sault Ste. Marie, comme le prédisait Clergue, tardait à se matérialiser. Clergue devait rapidement trouver ou développer d’autres marchés pour rentabiliser cette gigantesque production d’électricité.

La construction du moulin No 1 est terminée. L'édifice de grès bordait la rivière.

Vue panoramique du canal et des moulins prise en direction ouest à partir de la tour du moulin No 1.

En 1894, Clergue se rendit à Queen’s Park pour convaincre le gouvernement provincial de lui concéder 1,600 km² de forêts publiques qui regorgeaient d’épinettes – une essence idéale pour la production de la pulpe à papier. La construction de cette nouvelle usine débuta avant même que ne soit terminée le parachèvement de la centrale électrique.

Cette photo montre des broyeurs en train de broyer et de pulvériser des billots de bois.

Photo d'un croquis encadré représentant le moulin.

Tous ces chantiers de construction et les ressources humaines requises pour opérer les installations une fois complétées créaient une telle demande de main d’oeuvre que Clergue dut envoyer des agents recruteurs en Europe pour inciter des milliers de travailleurs à émigrer au Canada. La population de Sault Ste. Marie connut ainsi une forte hausse.

Image noir et blanc d'un groupe de 61 hommes, debout et assis sur 5 rangées, photographiés devant un édifice en pierre de grès.

Les ambitions de Clergue étaient sans limite. Dès 1895, il entreprit la construction d’une seconde usine de pâte et papier; une initiative qui s’avéra toutefois inutile et non rentable. Deux ans plus tard, l’usine était vendue. Les prédictions de marché soutenues par Clergue et ses partenaires financiers étaient souvent plus optimistes que les rendements actuels.

Le chantier de construction du moulin No 2 avec ses murs de pierre, les grues et les amoncellements de débris.

À l ’époque, l’un des principaux défis auquel étaient confrontées les usines de pâte à papier était le coût de transport du produit fini. Sachant que la pâte contenait 50% d’eau, Clergue mit sur pied une équipe d’ingénieurs et de scientifiques avec le mandat de développer une solution novatrice visant à réduire le poids de la pâte. Résultat: une technologie inédite et le concept d’une machine à séchage. Mais encore fallait-il trouver la main d’oeuvre spécialisée et les installations capables de fabriquer de telles machines. Ne reculant devant rien, Clergue crée la Algoma Iron Works. À la fin de 1897, Sault Ste. Marie possèdera l’une des plus grosses fonderies au Canada, laquelle produira pour la maison-mère pas moins de 21 machines à séchage. L’édifice qui abritait la célèbre Machine Shop existe toujours aujourd’hui.

Les coûts de transport de la pulpe avaient certes diminué, mais les investissements consentis pour développer la solution avaient été astronomiques. Les actionnaires à Philadelphie devront encore faire preuve de patience.

Grues chargeant les matériaux de construction sur le site. Des ouvriers surveillent le chantier, munis de lampes pour seul éclairage.

Les parties démontées du rouleau à papier.

Entre-temps, Clergue cherchait à améliorer la qualité de son papier en ajoutant une solution de sulfite à la pulpe. Or, lors d’un voyage à Sudbury, il observa les émanations importantes de gaz sulfureux résultant du procédé de fonte du nickel. Devant le refus des propriétaires de vendre ce sous-produit, Clergue décida une fois de plus de prendre les choses en main. Il acheta deux mines près de Sudbury qu’il baptisera Gertrude et Elsie, en hommage à ses deux sœurs. Et pour minimiser les coûts de transport du minerai jusqu’au Sault, il construisit un chemin de fer privé sur une douzaine de kilomètres, reliant ses mines à la ligne du Canadien Pacifique.

Une tour géante et un laboratoire furent aussi ajoutés à même l’usine de papier pour l’entreposage du gaz sulfureux. Pour la Nième fois, les investissements consentis seront astronomiques, et les profits jamais au rendez-vous.

Entrepôt du moulin à papier. Barils et caisses en bois, rouleaux à papier éparpillés sur le plancher.

De grosses pierres le long de la voie ferrée, avec la tour à pulpe en arrière plan.