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London en guerre, 1939-45

London juste avant la Seconde Guerre mondiale

La ville de London (Ontario) de 1939 fut un point important sur la route entre Détroit et Toronto. La ville était une plaque tournante ferroviaire pour le service de cargaison et le service voyageurs. Située entre deux communautés estivales en plein essor, London jouissait à l’époque d’une vie nocturne animée. Les salles de danse et les pavillons se vantaient de « big bands » et d’ensembles populaires, ainsi que de troupes de danse et d’interprètes de jazz. Le théâtre de tout genre était de mise et la scène artistique commençait à prospérer.

La couverture d'un livret ; fond jaune avec motif de bus stylisé en bleu et blanc ; notation musicale et texte en brun ; le texte dit : « Parachutistes London Life, Ethel McAlpine, Saison 1941 – 1942 »

Livre-souvenir des Parachutistes London Life, de leur saison de tour de 1941-1924

L’Hôpital Victoria, l’un des meilleurs hôpitaux de London, est devenu un centre de formation principal pour les médecins et les infirmières. C’était un foyer de recherche médicale internationale et de percées pionnières. Il y avait aussi de nombreuses recherches en cours à l’Université de Western Ontario, institution qui était en pleine croissance. L’Université attirait de jeunes étudiants de tout le pays pour étudier en arts libéraux et en sciences.

Malgré la Grande Dépression des années 1930, l’industrie manufacturière à London continuait de produire. Les usines fabriquaient des machines, des pièces et des biens de consommation à un rythme impressionnant. En 1939, la ville avait déjà retrouvé une grande partie de sa richesse antérieure.

L’Angleterre a déclaré la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939 ; le Canada a déclaré la guerre le 10 septembre — et cette déclaration a changé la vie sociale et économique de la nation. London, qui avait déjà une longue histoire comme centre militaire et de divertissement, s’en est bien sortie avec l’arrivée des hommes et de femmes militaires.

De nombreuses entreprises de London et environs ont complètement modifié leurs chaînes de production pendant la guerre. Les tailleurs ont cousu des uniformes au lieu d’habits et de robes ; les usines qui fabriquaient préalablement des radios et des téléviseurs produisaient maintenant de tout, allant des explosifs aux voltmètres, en passant par les équipements radio de haute technologie. Tout le monde faisait sa part pour aider l’effort de guerre.

Les entreprises qui fabriquaient des radios et des appareils ménagers avant la guerre — dont Sparton of Canada — étaient retenues par le gouvernement pour produire des pièces destinées à la détection radar. Leur production était essentielle aux efforts canadiens en matière de technologie radar. Après la guerre, Sparton continua à fabriquer des pièces pour radios et, plus tard, des équipements stéréo.

Sparton du Canada

[Une note fictive entre amies, basée sur des documents d’archives du Musée des secrets du radar]

London, le 15 avril 1958

Ma chère Margie,

Nous voici de nouveau à cette période de l’année — le temps de retrouvailles et de la réunion d’anciens! Je ne peux pas croire que ce fera 13 ans que nous étions à Sparton of Canada. Plus d’une décennie plus tard, j’ignore toujours pourquoi nous construisons certaines de ces choses. Certaines ressemblaient beaucoup aux morceaux de radio que Harry a dans le sous-sol : des voltmètres, des ampèremètres et d’autres bidules.

En tout cas, j’aide à organiser la fête cette année. Ce sera agréable de revoir les filles. J’avoue que ça me manque, de faire partie de la main-d’œuvre. Essayer de trouver près de 500 personnes s’avère assez difficile. Une bonne partie des filles se sont mariées après leur départ, donc beaucoup de nouveaux noms de famille.

Je me souviens d’en ’43, quand ils avaient ré agencé l’usine. Apparemment, c’était pour un gros contrat militaire ; quelque chose sur l’utilisation d’un tas d’antennes pour localiser les signaux radio. Harry dit que cela ressemble à la radiogoniométrie décamétrique HF/DF (« huff-duff ») ou à la recherche de direction à haute fréquence. L’armée aime bien ses formes courtes.

Savais-tu qu’avant la guerre, Sparton n’était que le bras canadien de la cie. Sparks Withington aux États-Unis? Ils fabriquaient des radios et d’autres objets électroniques — ce qui explique pourquoi ils ont converti l’usine pour fabriquer des objets radio. Harry m’a dit qu’ils ont même tenté fabriquer des téléviseurs après la guerre, mais il y avait trop de compétition. Nous en avons une dans notre salon maintenant, en couleur!

En parlant de cela : Harry travaille chez Sparton et fabrique maintenant des klaxons de voiture. N’est-ce pas incroyable? Il dit qu’ils les ont mis dans les Studebaker, les Chrysler et certaines voitures d’American Motors. Il pourrait changer d’équipe, afin de fabriquer quelque chose appelé des « bouées acoustiques » pour la marine. Enfin, Dot et Helen et quelques autres femmes y travaillent encore. Ils ont gardé beaucoup de femmes, eux, après la guerre, contrairement à beaucoup d’autres usines.

As-tu toujours de ces disques qu’ils ont pressés pour Columbia? C’est étrange comment Sparton a continué à les fabriquer tout au long de la guerre. J’imagine que la nouvelle musique rendait le monde un peu plus heureux. Tu devrais en apporter à la réunion.

Nous n’avons pas encore réservé la salle, mais la réunion aura lieu la dernière fin-de-semaine du mois d’août. J’ai hâte de revoir tout le monde.

Affectueusement, Diane

[La lettre ci-dessus est fictive et est basée sur des documents d’archives du Musée des secrets du radar.]

Photo de groupe panoramique en noir et blanc, principalement de femmes. Le texte dit : « Sparton of Canada, London, Ont., 1944 ».

Photo de groupe, Sparton of Canada, 1944