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L’ère des grands travaux – Le bois

Toujours installés dans notre campement en Haute-Mauricie, tournons-nous vers cette forêt, ressource précieuse dont le destin est intimement rattaché à celui du Saint-Maurice. Les grosses comme les petites entreprises ont l’idée de se servir de la rivière pour transporter des pins gris et des épinettes.

La large rivière est entièrement recouverte de billes de bois

La rivière Windigo est presque entièrement recouverte de bois de flottage en 1976

En 1831, le gouvernement du Bas-Canada commence à concéder des territoires forestiers dans la région de Shawinigan. C’est le début de l’ère du bois. On produit alors du bois équarri utilisé dans la fabrication des navires. Quelques décennies plus tard, on verra apparaître l’industrie du bois de sciage utilisé notamment dans la construction résidentielle.

Deux hommes se tiennent sur des billes qui recouvrent entièrement la rivière

Flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice en 1933

Un problème subsiste cependant avant 1850 : comment faire circuler le bois sur cette rivière capricieuse et  indocile au débit inégal ? En effet, les billes de bois sont englouties par les chutes et il est difficile de leur faire passer les rapides.

Plusieurs travailleurs posent au bas d'une chute d'eau où ils ont aménagé une rampe pour les billots de bois.

Construction d’une glissoire à billes en Haute-Mauricie

L’ingéniosité mauricienne

C’est en faisant preuve de vaillance qu’on relèvera le défi! En 1851, le gouvernement colonial vote un budget pour la construction des premiers aménagements pour faciliter le flottage sur le Saint-Maurice.

On drague la rivière et on enlève les roches. En Haute-Mauricie, des barrages et des écluses sont construits sur les affluents du Saint-Maurice. Pour contourner les chutes de Shawinigan, de Grand-Mère et de La Tuque, on construit des digues, des estacades et des glissoires à billes.

Cette très longue glissoire à billes permet aux billots de traverser un terrain marécageux.

Glissoire à billes près de la rivière Matawin en 1948

Antonin Zaruba, ingénieur retraité d’Hydro-Québec, rappelle comment les barrages étaient construits sur les affluents du Saint-Maurice:

La quantité de petits barrages en bois en Haute-Mauricie, c’était hallucinant ! Ils ont envoyé un paquet de bûcherons dans le bois et eux autres ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont abattu des arbres et ils ont construit un barrage en bois.

Sur un lac au milieu de la forêt, des hommes guident les billots vers une ouverture au milieu d’un barrage de terre et de bois.

L’art de «slousser» en 1948

Ils choppaient [coupaient] le bois tout autour, garrochaient ça dans le réservoir qui était créé par ce petit barrage puis après, au printemps, au dégel, ils ouvraient la passe. Et envoye le bois vers le bas ! Ils étaient ingénieux ! Ces barrages-là, il y en avait, il y en avait… quelque chose comme 96 !

Trois hommes se tiennent sur un barrage fait de rondins de bois. Une vanne du barrage est ouverte et laisse passer un torrent d'eau et de billots.

Barrage de bois en juillet 1960

Grâce aux efforts déployés par les Mauriciens, les relevés gouvernementaux de 1894 dénombrent 755 000 billots qui voyagent sur le cours d’eau. C’est le chemin de fer, qui se rend jusqu’à Grandes-Piles en 1879, puis en Haute-Mauricie en 1911, qui permet d’exploiter le territoire plus au nord. Les grands travaux de l’ère du bois ont permis d’ouvrir la voie vers ces grandes forêts lointaines.