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« Lady Day »

À Terre-Neuve et au Labrador, la fête de l’assomption du 15 août s’appelle « Lady Day », le jour de la Vierge. Pour Lady Day, surtout dans la baie Placentia, les célébrations commençaient juste après midi pour se terminer par un bal qui se poursuivait jusqu’au petit matin.

Écoutez les souvenirs de Mary Whyte, avec transcription

À Rushoon, le souper de Lady Day qui se faisait en plein air, était grandiose. Sur les tables de la salle, on disposait des gâteaux en tranches qui restaient là jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une miette. Et comme par magie, d’autres gâteaux venaient remplacer les assiettes vides. Pas question de servir l’habituel gâteau aux raisins et aux fruits confits. On se régalait avec des gâteaux au chocolat, au citron et à la vanille recouverts de glaçage et de paillettes, merveilleusement colorés et appétissants. Certaines dames avaient une réputation d’excellentes pâtissières et on essayait de « prendre sa place à table » au moment où les meilleurs gâteaux arrivaient.

Une fois qu’on avait payé sa place auprès des dames qui s’occupaient des tables, on était autorisé à s’asseoir et à manger. Elles apportaient du thé et une assiette froide composée de salade de pommes de terre, de salade de chou, de betteraves en conserve et de picallities qu’elles avaient préparés. Il y avait aussi de la gelée et de la crème anglaise, du diplomate et du blanc mangé, mais surtout ce que Maureen Whyte appelle « la viande de la fête ». Il s’agissait d’une sorte de viande froide extraite d’une grande boîte de conserve carrée. C’est le prêtre qui l’apportait; on la coupait en tranches et on la servait lors de cette fête-là uniquement. Mais l’attraction principale, surtout pour nous, les convives de la « table des enfants », restait les gâteaux et la possibilité d’en manger plus que de coutume.

Des familles lors d’une fête en plein air dans un champ

Des familles lors d’une fête en plein air

Dans l’après-midi, il y avait des tombolas et d’autres jeux de hasard où nous dépensions notre argent. Avec des jouets bien plus beaux que les plus beaux cadeaux que l’on pouvait recevoir à Noël, on avait du mal à garder assez d’argent pour le repas en plein air et le bingo des colis. Pour quelques sous, on achetait une carte valable pour un seul jeu. Le gagnant recevait un prix mystère emballé qui pouvait aussi bien être une boîte de lessive Rinso qu’une jolie paire de taies d’oreiller en fonction des moyens et du talent du donateur.

L’argent était rare à l’époque et nous étions, bien entendu, obligés d’économiser toute l’année pour cette fête.