Nous voulons la liberté, même s’il y a des bombes en Angleterre et pas ici. L’internement est dur pour mes nerfs, les fils de fer barbelés semblent presque m’étouffer. Liberté, liberté. Henry Kriesel, un des « gars de camps »
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Alors que l’Allemagne nazie entraîne le monde dans une guerre, les politiques discriminatoires d’immigration canadienne empêchent d’entrer ceux, notamment les Juifs, qui veulent trouver refuge au pays. En 1940, dans un esprit de collaboration à l’effort de guerre, le Canada se plie à la requête de la Grande-Bretagne et accepte les « ennemis étrangers » et les prisonniers de guerre, sans pour autant s’attendre à accueillir 2 284 réfugiés du nazisme, des Juifs pour la plupart.
Ces hommes, âgés entre 16 et 20 ans et qui étaient parvenus à se réfugier en Angleterre, sont ensuite arrêtés comme suspects, sous prétexte que se trouvaient parmi eux, des espions. Après une courte période d’internement dans ce pays, ils sont déportés au Canada et emprisonnés au Nouveau-Brunswick, en Ontario et au Québec en compagnie de réfugiés politiques et même, dans certains camps, de nazis reconnus.
Même si les Britanniques avouèrent très tôt leur erreur, le Canada, encombré de ces réfugiés non désirés, sombra dans une politique d’inertie face à leur bien-être, à leur statut et à leur libération. Les mesures antisémites d’immigration et aussi le sentiment généralisé qui prévalait, empêchèrent le Canada d’ouvrir ses portes aux Juifs, même par voie détournée soit celle de l’internement.
Dotés d’une résilience remarquable, les réfugiés affrontèrent l’injustice de leur internement et s’efforcèrent de tirer profit le plus possible du temps passé derrière les barbelés, alors que les communautés juives et autres défenseurs des réfugiés mettaient tout en œuvre pour accélérer la libération de ces « gars de camps ».
Cette exposition, grâce à des récits et différents artefacts, vient illustrer un chapitre peu connu dans l’histoire du pays, l’histoire des réfugiés internés au Canada. La remarquable contribution que ces hommes apportèrent à notre société d’après-guerre nous fait entrevoir l’énorme potentiel perdu par ces fragments de communautés juives d’Europe, potentiel que le Canada d’ailleurs, aurait pu sauver. Le parcours de ces hommes – de l’Europe fasciste à leur asile en Angleterre, de leur emprisonnement en Grande-Bretagne et au Canada jusqu’à leur libération finale – demeure un témoignage aigre-doux de survie à l’Holocauste.